FRAGMENT II, 2012, 14x14x14 cm, Photo: didierlecoq.com
“De tous mes voyages, mes séjours en Patagonie sont ceux qui m'ont le plus impressionnée. J’ai été frappée par la ressemblance de ces matières naturelles avec les états successifs de la matière dont je fais mes oeuvres. J'ai voulu témoigner de la beauté et de la rudesse de ces paysages sauvages. Traduire en verre les Fragments de ce puzzle impossible qui dérive.
Le paysage des glaciers est émouvant et propre à la contemplation voir au recueillement. Il connaît des mutations successives, rapides par le choc des glaciers dû aux tempêtes du Cap-Horn, pluies, vents, ouragans, une atmosphère de début ou de fin du monde.
La dérive des icebergs et l'évolution du paysage répondaient à mes propres errances, mes recherches chromatiques, ma quête de transparence, de lumière que je voulais capter par le verre.
Le miroitement du soleil sur la glace, pourtant si fugace, reste à jamais en moi comme en mes œuvres de verre, liquide figé par le feu, quand la glace l'est par le froid. La lumière change avec le jour et mes Fragments tentent de convertir mes propres failles en jeux visuels dans une matière qui, par ces jeux de reflets, prend vie.
Le réchauffement climatique accélère et modifie les phénomènes de transformation des icebergs. Murs de glace errants, ils portent dans les bulles d'air qu'ils enserrent, telle une mémoire, l'histoire climatique de notre planète, qui se fond dans la matière originelle aquatique.
Par eux, en eux, le territoire se dilue, les rivages se modifient ainsi que le devenir de notre planète.”
Of all my travels, it is Patagonia that overwhelmed me most and I wanted, with my work, to witness to both its enormous beauty and its harshness. I wanted to translate into glass, into fragments all the pieces of this forever drifting puzzle –- the glaciers.
Here, nature goes through an unrelenting metamorphosis as the cold and the winds and the rains and storms from Cap-Horn hit and split and wear away to reshape the glaciers in such way that one feels at once at the end of the world and at its beginning.
I found that the shifting icebergs and the seemingly moving scenery echoed my own wandering and search of color, of light and transparency that I want to capture into the glass: the shimmering of the sun on the ice, fleeting and yet so strong that I keep it into my eyes and then transfer to my work with glass – a work that is liquid fixed by fire, just as in Patagonia ice is fixed by the cold.
The changes and mutations of icebergs has been both intensified and modified by climate change. There are now wandering walls of glass carrying within themselves air bubbles that keep, like the membrane of memory, the climatic history of our world and which will melt into the aquatic matter of our beginnings.